Un appel de Barbara Kubis, la Présidente de l’URAFA Nord-Est pour l’Europe[divider][/divider]
Depuis quelque temps – dans ma tête – tournent les terribles images que j’ai vécu, sans les voir consciemment, de l’exode en hiver 1945, non pas par la Méditerranée, mais par -25° et sous les bombes, quand 12 millions de réfugiés ont peuplé les routes allemandes, dont ma mère et moi en poussette.
Pour nous, l’exode à pied, en train, avec tous les moyens du bord a duré une dizaine de mois, car à un certain moment nous n’avions plus le droit de quitter l’endroit où nous nous trouvions.
Ensemble avec une autre maman et son bébé nous avons vécu dans une hutte. Sur la route et sur place nous avons vécu de ce que nous avons trouvé : un peu de chaleur humaine, un peu d’eau pour nous laver, un peu de feu pour chauffer une boisson, quelques plantes qu’une personne travaillant dans son jardin a bien voulu nous laisser, ce qui nous permettait d’avoir des salades et des tomates à échanger, des fruits que nous avons pu ramasser par terre à l’aide d’un homme, qui a juste veillé à ne pas nous faire prendre (ma mère pensait que c’étaient ses fruits à lui …), un parachute trouvé pour faire quelques vêtements (ce qui fait que toute petite j’ai grandi dans la soie …) quelques aliments pour avoir facilité la communication constructive et plein d’avenir entre de jeunes femmes allemandes et de jeunes hommes américains (ce qui a convaincu ma mère que toutes les filles devraient apprendre des langues) … toutes et tous des parfaits inconnus, qui nous ont permis de survivre et de vivre avant de pouvoir rentrer. Si leurs descendants y reconnaissent l’un ou l’autre membre de leur famille, sachez que nous vous sommes très reconnaissantes !
Je ne reprends pas les grands exodes, d’autres l’ont fait ces jours-ci.
Reprenons la proposition du Saint Père: chaque paroisse, chaque couvent, monastère, communauté catholique prend en charge une famille.
Mais élargissons-la à toutes les religions et à toutes les collectivités : Chaque paroisse, chaque communauté, quel que soit sa religion, toutes les collectivités locales ou autres, les villes, les communes, les villages, pourraient prendre en charge une famille, dans les grandes villes ce seraient les quartiers, les arrondissements … . Pour une petite commune rurale quelques enfants de plus peuvent faire la différence entre une école et pas d’école. Dans les grandes villes la présence de quelques familles de plus ne se remarquera même pas.
Et les comités, les associations de jumelage, nos comités et associations franco-allemandes, bi- et interculturelles, que pourrions-nous faire ? Nos budgets ne nous permettent pas de prendre en charge matériellement un loyer ou d’autres dépenses de ce genre. Mais nous avons tous de l’expérience avec la communication bi- et interculturelle, que nous pratiquons depuis de longues années. Nous sommes tous à même d’enseigner la langue du partenaire, enseignons également notre propre langue dans des petits groupes. Nous connaissons tous nos villes, nos communes, nos administrations. Mettons nos expériences en communication interculturelle au service d’une famille, accompagnons-la pendant les démarches administratives et pendant la découverte de son nouveau lieu de résidence.
Et soyons tout simplement à l’écoute, afin d’offrir un peu de chaleur humaine à des femmes, des hommes et des enfants qui ont fui la guerre, les bombes et la destruction.
Soyons tous « catholicos – καθολικός – universels » !
Et espérons que l’unification européenne se remette sur les rails, sinon nous sommes tous des refugiés potentiels.
Barbara Kubis / 12 septembre 2015[divider][/divider]
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