Le trio franco-germano-polonais, à quoi cela sert-il ?
Et le franco-allemand, à quoi cela a-t-il servi ? La paix ? Oui ! Elle a été faite. La préserver ? Oui ! Car on ne sait jamais,… bien qu’il soit difficile d’imaginer une guerre.
Mais ce que nous a apporté le franco-allemand, c’est plus encore. C’est une capacité nouvelle à dépasser la frontière qui est dans nos têtes.
Ce premier pas au delà du Rhin appelle le pas suivant, au delà de l’Oder. Un jour nous arriverons au pied de l’Oural, voire à Vladivostock. Car l’Europe est d’abord une idée. Celle de l’universalisme.
Bien sûr, il y a ceux qui croient en voir les frontières. Et il y a ceux qui croient que le franco-allemand se réduit au franco-allemand. Certes, on peut aussi le voir comme ça. Mais ce serait comme si nous n’avions rien appris.
Quelques évidences géographiques et historiques.
Le Triangle de Weimar c’est 200 millions d’européens (sur les 500 millions que compte l’Union) sur un espace allant de la Pointe du Raz à la Vistule. 2 330 kilomètres et 21 h 20 minutes de route séparent notre Brest du Brest biélorusse juste derrière la frontière Polonaise.
Nos trois pays représentent l’unité est-ouest de l’Europe. A la fin du premier millénaire ces trois ensembles – Francia Ocidentalis (ou Gallia), Francis Orientalis (ou Germania) et Slavinia – étaient trois aires culturelles et politiques qui préfiguraient la carte actuelle.
Bien sûr, la Pologne a été plus grande qu’aujourd’hui. Au XVIe siècle elle était un Empire qui s’étendait de la Baltique à la Mer Noire et unissait de nombreux peuples et confessions. Bien mieux que le Saint-Empire, elle a longtemps incarné une certaine idée d’une Europe tolérante. Puis Solidarnosz a repris le flambeau.
Si la réconciliation germano-polonaise peut se nourrir de l’expérience franco-allemande, pensons donc aussi à ce que nous pouvons gagner à mieux partager avec la Pologne.
Et ça non plus, ne l’oublions pas : tout au long de la seconde guerre mondiale 700 000 Polonais se sont engagés – 200 000 à l’Est et 500 000 à l’Ouest – contre la dictature nazie. Peut-être redécouvrirons nous enfin, à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement, que les Polonais ont été très nombreux à fouler les plages normandes pour la liberté de la France. Il serait grand temps qu’on en parle ensemble entre Français, Allemands et Polonais !
L’engagement polonais dans le débarquement de Normandie
La création du « Triangle de Weimar »…
Le 28 août 1991, une rencontre informelle des trois ministres des affaires étrangères francais, allemand et polonais tenait au départ lieu de forum de discussion et de consultation pour les gouvernements.
La mise en place de sommets interétatiques plus ou moins réguliers à l’initiative des Chefs d’Etat de chacuns des trois pays, en parallèle des rencontres ministérielles, a donné une meilleure visibilité au « Triangle de Weimar ».
… et son prolongement dans la société civile
Actuellement il existe aussi de nombreuses coopérations dans le cadre du Triangle de Weimar, avec de nombreux jumelages de villes, de lycées, et d’universités.
Dans le cadre de la coopération décentralisée, il existe également des coopérations inter-régionales du Triangle de Weimar (Nord-Pas-de-Calais / Rhénanie-du-Nord-Westphalie et Silésie / Île-de-France, Brandebourg et Mazovie / Limousin, Bavière et Poméranie…)
Le triangle de Weimar sur le site du Portail Franco-Allemand
Le Comité pour la Coopération Franco-Germano-Polonaise
Il s’est donné comme mission et comme ambition d’être la plateforme d’échange, de rencontre et de coopération du « Triangle de Weimar » dédiée à la société civile. Celle-ci est disponible pour tout ceux qui portent un intérêt aux relations trilatérales franco-germano-polonaises et qui pensent que celles-ci sont importantes dans le cadre d’une Europe élargie.
Le Comité pour la Coopération Franco- Germano- Polonaise (« Triangle de Weimar ») fut créé en 2002. Il est le résultat de l’Assemblée générale tenue le 6 mai 2002 et rassemblant les membres du Comité de Soutien au Traité d’Amitié Franco- Allemand, crée en 1973 à Paris à l’initiative du Professeur Norbert Sadler.
Ses activités ont pour objet, en complément des rencontres gouvernementales, l’apport d’une contribution pour « un plus grand rapprochement des citoyens à tous les niveaux et dans toutes les dimensions de l’existence ». Les membres du Comité, tout comme les « Pères Fondateurs », les membres du curatorium et les membres du conseil institutionnel travaillent pro bono. Le Comité travaille en Pologne en étroite collaboration avec le « Klub Weimarski » créé en 2003, et en France avec l' »Association France Pologne Pour L’Europe ».
Le site du Comité pour la Coopération Franco-Germano-Polonaise (« Triangle de Weimar »)
Klaus-Heinrich Standke Président du Comité, Membre de l’Académie Europénne des Arts et des Sciences, Professeur honoraire à l’Université d’économie de Posen, ancien adjoint du Directeur Général de l’UNESCO, Paris, www.klaus-heinrich-standke.de
Mercredi 27 novembre 2013, M. Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de France en Allemagne, a remis les insignes de chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur à M. Klaus-Heinrich Standke. Economiste allemand, M. Standke a occupé diverses fonctions au sein d’organisations internationales telles que l’OCDE et l’UNESCO. Il a également enseigné comme professeur honoraire à l’université de Poznan en Pologne, ainsi qu’à l’université libre de Berlin et à l’université de Potsdam. Dans son discours, l’ambassadeur a loué l’engagement de M. Standke en faveur de l’amitié franco-germano-polonaise et de la coopération entre ces trois pays comme moteur de l’unité européenne.
(Discours de l’Ambassadeur et réponse de Klaus-Heinrich Standke)
Je découvre ce triangle que je ne connaissais pas. Merci de cette ouverture…
Nous avions essayé de faire un jumelage avec la Pologne, il y a une dizaine d’année mais cela n’avait pas abouti par manque de ressources internes. La connaissance de cette relation tripartite et de l’histoire que rappelle cet article aurait pu être à cette époque une aide à notre motivation et détermination…
C’est bien pourquoi nous avons encore un gros travail à faire. Franchir le Rhin ce n’est pas tant aller en Allemagne que de sortir de France, sortir de l’hexagone mental qui hante les (in)consciences jacobines