Trente ans après la chute du Mur, de nouvelles et profondes fractures menacent l’Europe, le duo franco-allemand qui en a été le moteur, et l’Allemagne elle-même. Face au Brexit ou aux appétits des États-Unis et de la Chine, il est vital que les deux riverains du Rhin rebâtissent leur partenariat. Pour cela, ils doivent réapprendre à se connaître. Or prévaut aujourd’hui un double malentendu : la France observe l’Allemagne avec passion, que ce soit pour la haïr ou l’imiter, tandis que celle-ci hésite entre admiration et condescendance, sans qu’aucune ne comprenne vraiment plus l’autre – notamment les élites françaises qui ont une vision dépassée de notre voisin. Cet ouvrage porte sur l’Allemagne un regard incisif, nourri d’une profonde connaissance de sa culture et de sa politique, d’expériences, et de rencontres. Il la met en perspective depuis la fin du nazisme puis du communisme, en passant par la réunification, jusqu’au long mandat de la chancelière Merkel, confrontée au défi migratoire et à la résurgence de l’extrême droite tandis que le modèle économique et social, autrefois tant admiré, atteint ses limites. Ce plaidoyer nous éclaire sur les pistes que peuvent frayer ensemble Paris et Berlin pour assurer le sursaut de l’Europe.[divider][/divider]
30 ans après la chute du Mur. Une Allemagne unifiée, une population désunie
Notes du Cerfa, n° 150, Ifri, novembre 2019 / par Hans STARK
Trente ans après la chute du Mur de Berlin, l’heure n’est pas à la fête. Les succès électoraux du parti allemand d’extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD) en Saxe, dans le Brandebourg et en Thuringe en septembre et octobre 2019 reflètent un malaise et un mécontentement croissants dans les nouveaux Länder face à un bilan en demi-teinte de l’unification.
Un taux de chômage tombé à 6,1 % en octobre 2019, des infrastructures modernes et des centres-villes restaurés avec soin pourraient donner le sentiment que l’unification économique a été menée à bien. Mais la réalité est plus contrastée. Les nouveaux Länder n’ont pas attrapé leur retard sur ceux de l’ancienne République fédérale d’Allemagne (RFA) et ne l’attraperont sans doute jamais. L’émigration vers les anciens Länder se poursuit, alors que l’ex-République démocratique allemande (RDA) – à l’exception de Berlin, Dresde et Leipzig – se vide de ses habitants. La domination politique, économique et culturelle des Allemands de l’Ouest, y compris dans les nouveaux Länder de l’ex-RDA, se poursuit, et crée tensions et frustrations qui alimentent le vote AfD.
Depuis 1991, Hans Stark est secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri, où il consacre l’essentiel de ses travaux à la politique étrangère et à la politique européenne de l’Allemagne.
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Comment faire de l’unité allemande une réalité ?
Par Petra Köpping
Le parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne), a recueilli respectivement 27,5% et 23,5% des voix en Saxe et dans le Brandebourg lors des élections régionales du 1er septembre. Cette percée électorale n’a surpris personne. Elle ne fait qu’entériner les résultats obtenus par le parti aux élec- tions législatives de 2017 et aux élections européennes de 2019. En Saxe, tous les sondages réalisés ces dernières années créditaient l’AfD de 25 % des voix.
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