La suppression des bi-langues, on le redoute, diminuera le nombre de jeunes germanistes dans nos collèges et, par conséquent, le nombre de Français qui auront été en contact ne fût-ce que superficiellement avec cette étrangeté (non latine) qu’est l’allemand, une langue si « différente », donc a priori dure à apprendre, avec des sonorités peu familières.
La réponse est dans nos villages, nos villes, nos quartiers, autour des collèges : nos associations sont à même de pouvoir familiariser les écoliers avec l’allemand, d’organiser des cycles d’introduction à l’allemand (nos adhérents ont à leur disposition des outils développés pour eux par la FAFA / voir la page « Interne » sur notre site, réservée aux adhérents). En amont, nos associations peuvent aussi présenter l’allemand dans les écoles (à la manière des anciens D-Mobil) ainsi qu’aux parents et aux jeunes collégiens en organisant des réunions d’information où ils peuvent utiliser l' »Argumentaire pour l’allemand » mis à leur disposition (voir, sur notre site).
Car, en amont du choix de l’allemand au collège, le premier obstacle à sauter est la fausse image de l’allemand, les préjugés négatifs qui font éliminer l’allemand a priori. Ces barrières ne peuvent être levées qu’à la condition de multiplier les occasions d’un premier contact avec l’allemand parlé normalement, histoire de diminuer cet effet d’étrangeté que donne l’allemand hurlé dans la « La grande vadrouille ».
Or, multiplier ces contacts vécus, seules nos associations qui agissent localement sont capables de l’organiser.
L’autre problème à résoudre (et que les classes bi-langues ne résolvent pas) est le maintien de la dynamique : même avec 80 % de germanistes, l’école, le collège et le lycée ne supprimeront pas ce phénomène récurrent qu’est l’oubli, la rouille du parler, le renoncement…
Qui n’a pas vécu ce dialogue ? :
– Vous avez fait de l’allemand ?
– Oh oui, mais il ne m’en reste rien,.. j’ai tout oublié !
…et de réciter le premier vers de tel ou tel poème : « Isch weiss nischt was es bedeutèd, dass isch so traurisch bin« , ou « Wer reitèd so schpät dursch Narrt und Wind » (excusez l’accent)
… et d’ajouter « …c‘est tout ce qui me reste« . (*)
Faire pratiquer au delà des apprentissages scolaires, vraiment apprendre l’allemand, ce n’est possible qu’en allant sur place dans un pays germanophone. Il faut donc encourager la mobilité ou, à défaut, pratiquer l’allemand, chez nous, dans nos villages, nos villes, nos quartiers.
Qui est capable de présenter localement les avantages et les voies de la mobilité ?
Et qui est capable d’organiser localement l’entretien des acquis, l’amélioration du niveau, voir le rattrapage et, a minima, le simple exercice de la langue allemande dans la décontraction de rencontres conviviales, cercles de conversation et « Stammtische » de tout type ?
La réponse est dans nos associations : on peut enfin s’y lâcher et baragouiner son maigre allemand, sans complexes et avec fautes et accent à couper au couteau (ou à fendre à la hache),… peu importent les fautes, peu importe l’accent (les Allemands adorent l’accent français), les petites fautes n’empêchent pas de se faire comprendre et c’est en sautant à l’eau qu’on apprend à nager, en forgeant à forger, en baragouinant l’allemand à l’apprendre à le parler vraiment.
Bref, si le premier objectif est d’aider à multiplier le nombre des apprenants (à l’école), cela ne suffira pas.
Il faudra surtout multiplier le nombre de locuteurs, le nombre de germanistes qui gardent les acquis scolaires, les améliorent et sachent aussi communiquer vraiment en allemand.
Plus de germanistes, oui ! Mais plus de germanophones, ce serait encore mieux.
Savoir multiplier ces Français capables d’oser parler, c’est l’affaire de nos associations à même d’aider à installer un rapport décontracté à l’allemand et à faire pratiquer ce qui a été appris.[divider][/divider]
Lire aussi, sur ce site, l’article « Recul de l’allemand ?… Quoi faire ?”[divider][/divider]
(*) Ce sont souvent des anciens élèves de l’époque bénie des 40 % de germanistes en 6e. Avions nous plus de bons germanistes qu’avec les actuels 10 % ou 15 % d’élèves germanistes en classes bi-langues ? Posons nous donc la question. C’est à se demander si avec la réduction à 5 % de germanistes au collège, on ne gardera pas un nombre incompressible des seuls 1 et 2 ou 3 % de bons germanistes. Or, c’est ce faible taux qui fait problème. Il n’est pas sûr – expérience du passé à l’appui – qu’il progresse avec le seul nombre des élèves inscrits en cours d’allemand.[divider][/divider]