Ce vendredi soir 26 juin 2015, Fried Nielsen, le Conseiller aux Affaires culturelles de l’Ambassade d’Allemagne invitait pour un dernier verre amical dans les locaux de l’Ambassade. Il va prochainement prendre son nouveau poste à Varsovie, une autre capitale culturelle d’une Nation également impliquée dans un partenariat étroit avec l’Allemagne et essentiel à la construction européenne.
Après trois années intensives et exemplaires, au cours desquelles il aura été un de nos principaux interlocuteurs, il laisse derrière lui un bilan impressionnant.
En particulier, de notre point de vue associatif franco-allemand, nous avons apprécié sa manière toute nouvelle de prendre en compte et considérer la société civile et ses représentants. Tout au long des rencontres régulières entre acteurs culturels du franco-allemand – un programme d’échanges auquel il a donné une nouvelle fraîcheur – l’existence et les actions de nos associations ont bénéficié de toute son attention.
Fédérer tous les acteurs culturels franco-allemands
A ce titre, une de ses préoccupations premières était de fédérer tous les acteurs, autant les institutions telles que le Goethe-Institut et les Centres culturels allemands régionaux que tous les autres acteurs associatifs engagés dans les activités culturelles franco-allemandes. La mobilisation générale pour célébrer l’anniversaire du Traité de l’Elysée en 2013, puis les commémorations communes du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre l’an dernier ont permis de mesurer à quel point les thématiques communes donnent une visibilité concrète à la relation franco-allemande.
Avec l’opération gartenTräume (voir notre article sur l’opération gartenTräume), il a ouvert la voie à ce qui devrait devenir une accumulation future de thématiques, autant de « fils d’Ariane » pour dérouler nos activités culturelles franco-allemandes.
Multiplier les contacts avec la culture et la langue allemande
Très vite après son arrivée, Fried Nielsen avait compris à quel point notre tissu associatif permet de construire des actions complémentaires aux activités des organismes financés complètement ou pour partie avec les fonds de la République fédérale, les centres culturels allemands en France. Certes leur nombre de ces 16 bonnes adresses (voir sur ce site Centres culturels allemands en France) semble impressionnant, mais elles ne suffiront jamais à couvrir les besoins du vaste territoire français, ni à rapprocher suffisemment la culture et la langue allemande du plus grand nombre de Français. « Là où il n’y a pas d’offre culturelle allemande, il faut celle des associations franco-allemandes » estime ainsi Monsieur Nielsen.
D’autre part, la nouvelle réforme du collège, qui risque d’affaiblir la présence de l’allemand dans notre enseignement secondaire et supérieur, appelle de nouvelles solutions à la fois pour promouvoir l’allemand auprès des parents et des collégiens et en faciliter aussi l’apprentissage et l’entretien hors du seul système scolaire.
Fried Nielsen est convaincu que nos associations seront capables non seulement de donner de la voix pour enrayer un éventuel déclin, mais encore de trouver des solutions.
« Connaître son partenaires ne suffit pas, il faut aussi mieux le comprendre,… sans parler la langue il est difficile de se comprendre » conclut-il. C’est, aussi à quelques mots près, la formule de notre prochain Congrès franco-allemand de Düsseldorf (voir sur notre site, sur notre page Congrès 2015).
De l’entrain pour le franco-allemand
Mais plus largement, Fried Nielsen fait aussi un constat : « Au moment où, au niveau politique, une nouvelle génération gère le franco-allemand au quotidien, c’est une certaine perte d’âme, voire une indifférence qui nous guette » nous confiait-il récemment. Et, pour que le partenariat franco-allemand reste pleinement une amitié, il sait que seules nos rencontres associatives franco-allemandes feront vivre le rapport entre nos deux nations de manière enjouée : « die deutsch-französische Freundschaft heiter vorleben » (littéralement : donner l’exemple d’une amitié franco-allemande enjouée) est à ses yeux une condition nécessaire à la construction européenne. Nous ne pouvons que partager son avis et nous savons que rien de tel ne saurait s’accomplir sans le concours de nos associations.
Au cours d’un récent entretien en tête à tête, il a fait son propre bilan et un pronostic : En France, malgré – ou à cause de – sa centralisation, beaucoup de grandes décisions nationales sont « ré-aménagées » au niveau régional. Il ne doute pas qu’avec l’impulsion et le soutien de la société civile, tant les menaces qui pèsent sur l’enseignement que l’indifférence à l’Europe seront efficacement contrecarrées par les dynamiques culturelles régionales. [divider][/divider]
Nota bene
Fried Nielsen – lui même bibliophile passionné – a suivi de très près le feuilleton de la lente disparition des librairies allemandes à Paris, suivi de l’heureuse naissance de la nouvelle « Librairie Allemande » (voir notre article).
Il rappelle à juste titre à quel point la tradition des librairies allemandes a été vivace et continue à Paris et ce, dès la première moitié du 19e siècle. Pour anecdotique que cela puisse paraître, cette continuité est un joli symbole pour affronter l’avenir des activités culturelles franco-allemandes.
Fried Nielsen aurait aimé pouvoir écrire l’histoire passionnante de ces librairies qui ont été de véritables foyers intellectuels et culturels franco-allemands.
Avis aux amateurs : qui voudra bien écrire l’histoire des librairies allemandes de Paris ???
Un joli sujet de thèse, en tout cas ![divider][/divider]
Plus d’une corde à son arc !
Fried Nielsen est aussi un fin cuisinier. La preuve ? Son livre Hauskochbuch: Schleswig-Holstein où il nous présente un recueil de 46 recettes familiales qu’il a déniché dans les archives familiales et exécuté lui-même avant de les publier. Il lui semblait essentiel de sauvegarder les saveurs de son enfance.
Les collectionneurs de recettes de cuisine traditionnelle prendront grand plaisir à les mettre à l’épreuve de leur palais.
Mais ce petit chef d’oeuvre satisfait aussi au plaisir des yeux : les illustrations de la Géorgienne Irina Kurtishvili détaillent amoureusement ces recettes et mettent les plats en regard des paysages si typiques du Schleswig-Holstein. Le livre présente aussi en annexe une riche bibliographie sur la cuisine méconnue de cet extrême-Nord allemand.
Edition reliée en lin / parue aux Editions Nieswand / 72 pages / ISBN-10: 3895670405 >/
A commander à la « Librairie Allemande » (aller sur le site)
Ci-dessous, un article (en allemand) sur Hauskochbuch: Schleswig-Holstein$