Ce ven­dre­di soir 26 juin 2015, Fried Niel­sen, le Con­seiller aux Af­fai­res cul­tu­rel­les de l’Am­bas­sade d’Al­le­ma­gne in­vi­tait pour un dernier verre ami­cal dans les lo­caux de l’Am­bas­sade. Il va prochainement prendre son nouveau poste à Var­so­vie, une au­tre ca­pi­tale cul­tu­relle d’une Na­tion éga­le­ment im­pli­quée dans un par­te­na­riat étroit avec l’Al­le­ma­gne et es­sen­tiel à la cons­truc­tion eu­ro­péen­ne.

Après trois an­nées in­ten­si­ves et exem­plai­res, au cours des­quel­les il aura été un de nos prin­ci­paux in­ter­lo­cu­teurs, il laisse der­rière lui un bi­lan im­pres­sion­nant.

Fried Nielsen et sa "Mannschaft" : le service culturel au jardin de l'Ambassade (de gauche à droite et du haut vers les bas : Elena Wasserheß, Laura Besl, Johanna Mueller-Lankenau, Fried Nielsen, Katrin Ebeling, Joëlle Annabell Buchner

Fried Nielsen et sa « Mannschaft » : le service culturel au jardin de l’Ambassade (de gauche à droite et du haut vers les bas : Elena Wasserheß, Laura Besl, Johanna Mueller-Lankenau, Fried Nielsen, Katrin Ebeling, Joëlle Annabell Buchner

En par­ti­cu­lier, de no­tre point de vue as­so­cia­tif fran­co-al­le­mand, nous avons ap­pré­cié sa ma­nière toute nou­velle de pren­dre en comp­te et con­si­dé­rer la so­cié­té ci­vile et ses re­pré­sen­tants. Tout au long des ren­con­tres ré­gu­liè­res en­tre ac­teurs cul­tu­rels du fran­co-al­le­mand – un pro­gramme d’échan­ges au­quel il a don­né une nou­velle fraî­cheur – l’exis­tence et les ac­tions de nos as­so­cia­tions ont bé­né­fi­cié de toute son at­ten­tion.

Fé­dé­rer tous les ac­teurs cul­tu­rels fran­co-al­le­mands

A ce ti­tre, une de ses pré­oc­cu­pa­tions pre­miè­res était de fé­dé­rer tous les ac­teurs, au­tant les ins­ti­tu­tions tel­les que le Goethe-Ins­ti­tut et les Centres culturels al­le­mands ré­gio­naux que tous les au­tres ac­teurs as­so­cia­tifs en­ga­gés dans les ac­ti­vi­tés cul­tu­rel­les fran­co-al­le­man­des. La mo­bi­li­sa­tion gé­né­rale pour cé­lé­brer l’an­ni­ver­saire du Trai­té de l’Ely­sée en 2013, puis les comm­émo­ra­tions com­mu­nes du cen­tenai­re du dé­clen­che­ment de la Grande Guerre l’an dernier ont permis de me­surer à quel point les thé­ma­ti­ques com­mu­nes donnent une vi­si­bi­li­té con­crète à la re­la­tion fran­co-al­le­mande.

Fried Nielsen : épris de nature et grand amateur de jardins et de jardinage

Fried Nielsen : épris de nature et grand amateur de jardins et de jardinage

Avec l’opé­ra­tion gar­ten­Träu­me (voir no­tre ar­ti­cle sur l’opé­ra­tion gar­ten­Träu­me), il a ou­vert la voie à ce qui de­vrait de­ve­nir une ac­cu­mu­la­tion fu­ture de thé­ma­ti­ques, au­tant de « fils d’Ariane » pour dé­rou­ler nos ac­ti­vi­tés cul­tu­rel­les fran­co-al­le­man­des.

Mul­ti­plier les con­tacts avec la cul­ture et la lan­gue al­le­mande

Très vite après son ar­ri­vée, Fried Nielsen avait com­pris à quel point no­tre tis­su as­so­cia­tif per­met de cons­truire des ac­tions com­plé­men­tai­res aux ac­ti­vi­tés des or­ga­nis­mes fi­nan­cés com­plè­te­ment ou pour par­tie avec les fonds de la Ré­pu­bli­que fé­dé­rale, les centres culturels allemands en France. Cer­tes leur nom­bre de ces 16 bon­nes adres­ses (voir sur ce site Centres culturels allemands en France) sem­ble im­pres­sion­nant, mais el­les ne suf­fi­ront ja­mais à cou­vrir les be­soins du vaste ter­ri­toire fran­çais, ni à rap­pro­cher suf­fi­sem­ment  la cul­ture et la lan­gue al­le­mande du plus grand nom­bre de Fran­çais. « Là où il n’y a pas d’of­fre cul­tu­relle al­le­mande, il faut celle des as­so­cia­tions fran­co-al­le­man­des » estime ainsi Monsieur Nielsen.

D’au­tre part, la nou­velle ré­forme du col­lè­ge, qui ris­que d’af­fai­blir la pré­sence de l’al­le­mand dans no­tre en­sei­gne­ment se­con­daire et su­pé­rieur, ap­pelle de nou­vel­les so­lu­tions à la fois pour pro­mou­voir l’al­le­mand au­près des pa­rents et des col­lé­giens et en fa­ci­li­ter aus­si l’ap­pren­tis­sage et l’en­tre­tien hors du seul sys­tème sco­laire.

Fried Niel­sen est con­vain­cu que nos as­so­cia­tions se­ront ca­pa­bles non seu­le­ment de don­ner de la voix pour en­rayer un éven­tuel dé­clin, mais en­core de trou­ver des so­lu­tions.

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« Con­naî­tre son par­te­nai­res ne suf­fit pas, il faut aus­si mieux le com­pren­dre,… sans par­ler la lan­gue il est dif­fi­cile de se com­pren­dre » con­clut-il. C’est, aus­si à quel­ques mots près, la for­mule de no­tre pro­chain Con­grès fran­co-al­le­mand de Düs­sel­dorf (voir sur notre site, sur no­tre page Con­grès 2015).

De l’en­train pour le fran­co-al­le­mand

Mais plus lar­ge­ment, Fried Nielsen fait aus­si un cons­tat : « Au mo­ment où, au niveau politique, une nou­velle gé­né­ra­tion gère le fran­co-al­le­mand au quo­ti­dien, c’est une cer­taine perte d’âme, voire une in­dif­fé­rence qui nous guette » nous con­fiait-il ré­cem­ment. Et, pour que le par­te­na­riat fran­co-al­le­mand reste plei­ne­ment une ami­tié, il sait que seu­les nos ren­con­tres as­so­cia­ti­ves fran­co-al­le­man­des fe­ront vi­vre le rap­port en­tre nos deux na­tions de ma­nière en­jouée : « die deutsch-französische Freundschaft hei­ter vor­le­ben » (littéralement : don­ner l’exem­ple d’une amitié fran­co-al­le­mande en­jouée) est à ses yeux une con­di­tion né­ces­saire à la cons­truc­tion eu­ro­péenne. Nous ne pou­vons que par­ta­ger son avis et nous sa­vons que rien de tel ne sau­rait s’ac­com­plir sans le con­cours de nos as­so­cia­tions.

Au cours d’un ré­cent en­tre­tien en tête à tête, il a fait son propre bi­lan et un pro­nos­tic : En France, mal­gré – ou à cause de – sa cen­tra­li­sa­tion, beau­coup de gran­des dé­ci­sions na­tio­na­les sont « ré-amé­na­gées » au ni­veau ré­gio­nal. Il ne doute pas qu’avec l’im­pul­sion et le sou­tien de la so­cié­té ci­vile, ­tant les me­na­ces qui pè­sent sur l’en­sei­gne­ment que l’in­dif­fé­rence à l’Eu­rope se­ront ef­fi­ca­ce­ment con­tre­car­rées par les dy­na­mi­ques cul­tu­rel­les ré­gio­na­les. [divider][/divider]

Nota bene

Fried Niel­sen – lui même bibliophile passionné – a sui­vi de très près le feuille­ton de la lente dis­pa­ri­tion des li­brai­ries al­le­man­des à Pa­ris, suivi de l’heureuse nais­sance de la nou­velle « Li­brai­rie Al­le­mande » (voir no­tre ar­ti­cle).

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Il rap­pelle à juste ti­tre à quel point la tra­di­tion des li­brai­ries al­le­man­des a été vi­vace et con­ti­nue à Pa­ris et ce, dès la pre­mière moi­tié du 19e siè­cle. Pour anec­do­ti­que que cela puisse pa­raî­tre, cette con­ti­nui­té est un joli sym­bole pour af­fron­ter l’ave­nir des ac­ti­vi­tés cul­tu­rel­les fran­co-al­le­man­des.

Fried Nielsen au­rait aimé pou­voir écrire l’his­toire pas­sion­nante de ces li­brai­ries qui ont été de vé­ri­ta­bles foyers in­tel­lec­tuels et cul­tu­rels fran­co-al­le­mands.

Avis aux ama­teurs : qui vou­dra bien écrire l’his­toire des li­brai­ries al­le­man­des de Pa­ris ???

Un joli sujet de thèse, en tout cas ![divider][/divider]

Plus d’une corde à son arc !

Fried Nielsen est aussi un fin cuisinier. La preuve ? Son livre Hauskochbuch: Schleswig-Holstein où il nous présente un recueil de 46 recettes familiales qu’il a déniché dans les archives familiales et exécuté lui-même avant de les publier. Il lui semblait essentiel de sauvegarder les saveurs de son enfance.

Unknown

Les collectionneurs de recettes de cuisine traditionnelle prendront grand plaisir à les mettre à l’épreuve de leur palais.

Mais ce petit chef d’oeuvre satisfait aussi au plaisir des yeux : les illustrations de la Géorgienne Irina Kurtishvili détaillent amoureusement ces recettes et mettent les plats en regard des paysages si typiques du Schleswig-Holstein. Le livre présente aussi en annexe une riche bibliographie sur la cuisine méconnue de cet extrême-Nord allemand.

Edition reliée en lin / parue aux Editions Nieswand / 72 pages / ISBN-10: 3895670405 >/

A commander à la « Librairie Allemande » (aller sur le site)

Ci-dessous, un article (en allemand) sur Hauskochbuch: Schleswig-Holstein$

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