Ca y est, le décret sorti ce mercredi 20 mai entérine la suppression des classes bi-langues anglais-allemand pour tous les élèves qui n’auraient pas commencé l’allemand en primaire soit 99 % des élèves hors des zones frontalières en Alsace et en Lorraine germanique.
Nous faire croire que le Ministère pourra multiplier sur le territoire restant les classes d’allemand en primaire relève de l’utopie ou de la manipulation mensongère. Car il est impensable de pouvoir organiser dans les écoles, sur 5 années scolaires consécutives, des groupes de germanistes avec les seules ressources internes des écoles.
Comme les germanistes sont rares, cela supposerait que l’un(e) des professeurs des écoles habilité à enseigner l’allemand se fasse professeur d’allemand à plein temps pour s’occuper des différents groupes de l’école, en contradiction avec la nature même de l’enseignement primaire où un professeur instruit une seule et unique classe pour toutes les matières.
L’autre solution de faire venir de l’extérieur un germaniste compétent suppose un supplément budgétaire exclu à l’heure actuelle, fût-ce en heures supplémentaires de professeurs du secondaire.
Dès 2016, à très court terme donc, le seul accès à l’allemand se fera par le choix de la LV2 en 5e et donc généralement par les élèves eux-mêmes. C’est un an plus tôt qu’actuellement, mais avec la même conséquence : la préférences des élèves pour l’espagnol dont ils estiment à tort ou à raison que sa proximité avec le français allègera leur charge de travail,… alors qu’ils ignorent que la complémentarité de l’allemand avec l’anglais leur faciliterait grandement la tâche pour l’indispensable bonne maîtrise de l’anglais au bac, en vue des études supérieures ou des apprentissages professionnels où l’anglais est devenu une base incontournable (*).
De deux choses l’une : ou la Ministre, en nous promettant la multiplication miraculeuse de germanistes en primaire, ignore tout du fonctionnement des écoles primaires en France, ou elle nous a menti… Ou, peut-être, s’est-elle s’est fait manipuler elle-même.
Quoiqu’il en soit, c’est bien la relation franco-allemande qui souffrira de cette diminution prochaine de jeunes français germanophones. L’allemand est la langue la plus demandée sur le marché du travail (après l’anglais bien sûr, mais loin devant l’espagnol) et déjà aujourd’hui nous manquons cruellement de germanistes français dans les entreprise, les organisations publiques et même… nos associations !
Cela n’a pas de sens de vouloir jouer la partition franco allemande en Europe pour ensuite couper les cordes de l’instrument écrit Frank Baasner dans DFI Aktuell, les actualités de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg. Nous ne pouvons qu’acquiescer et… nous inquiéter.[divider][/divider]
(*) Pour les responsables d’associations franco-allemandes et les professeurs d’allemand un Argumentaire pour l’Allemand est à leur disposition pour bien comprendre et surtout bien faire comprendre cette complémentarité des deux langues cousines.
A voir (et télécharger) sur notre page « Promotion de l’Allemand » de ce site [divider][/divider]
Télécharger dfi aktuell N° 2 : 2015 où vous trouverez un excellent dossier sur la réforme des collèges [divider][/divider]
Quelques tableaux qui parlent d’eux-mêmes :
Pour bien comprendre les conséquences désastreuses de la suppression des classes bi-langues anglais-allemand, consultez ces pages d’un dossier de l’ADEAF : Extraits du diaporama ADEAF [divider][/divider]
Lire aussi notre article précédent sur le même sujet (paru avant le décret)[divider][/divider]
Signez la pétition de l’ADEAF pour le maintien des bi-langues anglais-allemand en 6e des collèges
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