Le nouveau plénipotentiaire pour les relations culturelles franco-allemandes a été nommé le 21 janvier dernier, en relai d’Annegret Kramp Karrenbauer Ministre-Présidente du Land de Sarre qui avait quitté cette fonction en décembre dernier (voir notre article « A propos des adieux d’Annegret Kramp-Karrenbauer« ). Mais le Maire de Hambourg et Président du Sénat de la Ville Libre Hanséatique ne pouvait réellement entrer en fonction qu’à l’issue des élections législatives du Sénat, le 15 février 2015, qu’il a remporté haut la main.
Hier, le 24 février il est venu se présenter au gouvernement français. Puis, en soirée, lors de son accueil par l’Ambassadeur Madame Wasum-Rainer au Palais Beauharnais, il a pu prendre un premier contact plus informel avec le « tout franco-allemand » de la capitale (dont notre Président).
Dans son discours, Olaf Scholz, a rappelé un des principaux enjeux actuels de la coopération franco-allemande, à savoir la formation professionnelle et la mobilité européenne de notre jeunesse. A titre d’exemple il a évoqué l’accord de coopération en matière de formation professionnelle entre l’Académie de Toulouse et l’Institut Formation Professionnelle de Hambourg dont le but est de favoriser les partenariats entre écoles professionnelles et de créer un réseau aussi fort que celui qui existe au niveau de l’AbiBac.
Cette coopération qui lie deux villes hébergeant des sites Airbus aurait-elle valeur de maquette pour l’avenir d’un partenariat franco-allemand en matière de formation professionnelle et de politique franco-allemande de l’emploi ?
Nul doute qu’à notre niveau des associations franco-allemandes cet axe de travail partenarial entre villes pourrait nous inspirer et nous pousser à imaginer des contributions au service de la formation et de l’emploi.
Notons à ce titre l’opération exemplaire (et reproductible ailleurs), du Forum pour l’emploi organisé par l’AFA d’Avignon en octobre 2013 (voir à ce propos l’article publié sur ce site).[divider][/divider]
Lire le discours du Plénipotentiaire (en allemand) lors de la réception au Palais Beauharnais, la Résidence de l’Ambassadeur, le 24 février à 18 heures[divider][/divider]
Olaf Scholz, un homme de consensus
Le Président du Sénat de Hambourg et 14e Premier Maire (*) de Hambourg depuis le 7 mars 2011 est né le 14 juin 1958 à Osnabrück, en Basse-Saxe. Issu d’une famille de gauche libérale, il fait des études d’avocat à l’Université de Hambourg où il ouvrira un cabinet d’avocat en 1985. Membre du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), il avait déjà débuté sa carrière politique dès le début des années 1980 et avait été nommé vice-président fédéral des Jusos en 1982. Il entre au Bundestag en 1998 avec 48,1 % des suffrages exprimés dans sa circonscription. Il a 40 ans. En 2011, nommé sénateur à l’Intérieur de Hambourg par le premier maire social-démocrate Ortwin Runde, il quitte le Bundestag. Cependant les élections de 2002 lui redonnent 49,4 % des suffrages exprimés pour un nouveau mandat au Bundestag. Il est nommé secrétaire général du SPD aux côtés de Gerhardt Schröder (en rassemblant sur son nom 91,3 % des voix des délégués), poste qu’il quitte suite à la démission de Schröder en 2004. Aux élections fédérales de 2005, il est réélu avec 45,9 % des voix exprimées et devient secrétaire général du groupe SPD au Bundestag. Deux ans après il est nommé à 49 ans ministre fédéral du Travail et des Affaires sociales.
De retour dans l’opposition après les élections perdues de 2009, il a gardé son mandat de député et est élu vice-président du groupe parlementaire, puis du parti. Il reprend également la présidence du SPD à Hambourg.
En 2011, chef de file et tête de liste du SPD, il remporte la majorité absolue comme chef de file social-démocrate aux élections anticipées de Hambourg et deviendra Premier Maire de Hambourg peu de temps après. Depuis 2006 aucune formation n’avait remporté la majorité absolue en sièges dans une élection parlementaire régionale. Sa brillante élection avait mis fin à 11 ans d’hégémonie de la CDU. C’est dire sa popularité dans la ville hanséatique, une popularité qui dure puisque son mandat vient donc d’être confirmé à l’issue des élections législatives de Hambourg du 15 février 2015 où la SPD a néanmoins perdu la majorité absolue et devra constituer une coalition avec les Verts. Par contre la CDU a fait son plus mauvais score avec 16%. La chancelière a constaté devant les déçus de la CDU : « Wenn der Amtsinhaber keine Fehler macht, ist die Machtoption sehr klein » (Quand le sortant ne fait pas de faute, les chances pour arriver au pouvoir sont très petites).
Ce compliment est révélateur d’une certaine ressemblance de style entre les deux politiques. Comme la Chancelière, Olaf Scholz est un pilote politique modéré qui sait avancer loin des ornières idéologiques. Cinq ans durant il a fait la preuve qu’il est possible diriger une grande Ville-Etat sans provoquer de remous. Il bénéficie ainsi d’une popularité et d’une confiance des électeurs à l’identique de celle d’Angela Merkel.
Quant à ceux qui lui reprochent un manque de vision pour sa ville, il leur répond simplement qu’il préfère gouverner raisonnablement. A son arrivée en 2006, pour son gouvernement de dix membres, il avait choisi cinq femmes et deux personnalités sans parti, un signe évident d’une volonté d’équilibre et de consensus.
Avec de telles qualités on est en droit de penser qu’il réussira pleinement à reprendre le flambeau qu’Annegret Kramp-Karrenbauer a su porter si haut. [divider][/divider]
(*) NB : en Allemagne les maires et leurs adjoints – chacun qualifié par un champ de compétence – sont dénommés respectivement « premier maire » et « maire »