Apprenant à la dernière minute, le 12 juin, l’annulation de la visite du D-Mobil programmée pour le lendemain dans l’école primaire de sa commune (1) ainsi que chez sa voisine Saint-Martin-de-Bernegoue, Susanne Schmitt (2) a confié son désarroi au Président de la FAFA : Que faire ? Peut-on trouver un ou une remplaçant(e) ? A qui s’adresser ? Le savez-vous ?… Comment faire un miracle ?
Il n’y avait qu’une seule issue (réaliste) possible : Faites le vous-même, jetez-vous à l’eau ! Un instant désarçonnée, Susanne Schmitt a pris son courage à deux mains et téléphoné à l’animatrice empêchée par une forte grippe. Elle s’est fait expliquer la procédure, a demandé l’envoi des outils nécessaires et s’est improvisée – non sans succès – initiatrice à la langue allemande en remplacement du D-Mobil. Ce qui paraissait irréaliste, tant les promesses du D-Mobil sont fortes et ses résultats probants, a connu un tel succès que Susanne Schmitt a été aussitôt sollicitée par son Maire pour réaliser une animation régulière « Culture allemande » dans les sept classes primaires (3) de sa commune dans le cadre de l’aménagement des rythmes scolaires. Et, dès cet automne, elle participait au séminaire de l’OFAJ qui lui permettra d’enrichir et varier les contenus de ses animations.
Un défi facile à relever
Au moment où l’action des D-Mobils s’immobilise toute une année en vue de lui assigner de nouvelles orientations, le vide ainsi programmé – et qui risque bien de perdurer – affole beaucoup d’entre nous qui mettons tant d’espoir dans les résultats de cet apport fondamental l’initiation à la langue allemande. Car le passage du D-Mobil était aussi un des dispositifs pour amorcer un changement des opinions et attitudes face à l’allemand et, en ce sens, une nouvelle pierre angulaire du travail des Comités de jumelages.
Mais l’expérience de Susanne Schmitt montre à l’envi qu’il est possible de réaliser l’impossible et de remplacer l’irremplaçable. Certes le décor et les acteurs sont différents : pas de Mercedes dans la cour, ni un ou une jeune Allemand(e) usant du charme joyeux de son jeune âge. Mais la preuve est faite que l’on peut faire autrement, aussi bien, voire bien plus et surtout plus durablement.
Des initiatives qui se multiplient
D’ailleurs partout en France nombre de nos Comités de jumelages et associations locales franco-allemandes explorent avec grand succès des voies nouvelles pour mettre les rudiments de la langue allemande à la portée des élèves de primaire, arracher l’allemand à son piédestal de langue réservée aux seuls élèves doués et travailleurs et chasser le spectre d’une langue qui torturerait nos têtes blondes… rousses et brunes (lisez à ce propos l’article paru ci-dessous « Aux germanistes bien menés, la valeur n’attend point le nombre des années ! » )
Si le D-Mobil devait disparaître durablement des écrans radars de nos écoles primaires, nous saurons le remplacer !
Notre valeur ajoutée irremplaçable
Il nous faut oser penser qu’à la lumière de l’expérience de Susanne Schmitt nous le remplacerons avantageusement ! Parce que rien ne peut égaler la synergie entre l’action de nos jumelages et les actions locales d’initiation à l’allemand, en particulier dans le cadre de la réorganisation des rythmes socaires : cette convergence d’actions est une sacrée opportunité et ressort bien plus puissant que le souvenir parfois fugitif du passage isolé d’un D-Mobil programmé au sein des activités scolaires.
Un bénéfice non négligeable : préparer la relève
A midi, au milieu de cette journée d’initiation allant de 9 à 16h20 (voir ci-dessous le déroulé de l’action « Une découverte ludique de l’allemand »), un déjeuner inspiré par la gastronomie allemande a permis de mélanger les enfants et des élus locaux. Les enfants scolarisés à Fors ont également pu découvrir une exposition retraçant les actions menées par le comité de jumelage. A Fors les élus ont pu écouter un élève de CM1 évoquer avec fierté son prochain voyage à Penkun organisé par le comité en août prochain. La vie des jumelages continue ![divider][/divider]
- (1) Fors en Poitou Charente, non loin de Niort
- (2) Vice-Présidente du Comité de Jumelage de Fors, jumelée avec Penkun en Mecklembourg-Poméranie occidentale
- (3) Quatre fois par semaine à partir de 15h35 pour quatre demies classes (au maximum 10 à 12 élèves par groupe), les groupes alternant après les vacances.[divider][/divider]
Une découverte ludique de l’allemand
Pour remplacer au pied levé la lectrice de la région Aquitaine à Fors ainsi qu’à Saint-Martin-de-Bernegoue, Susanne Schmitt s’est fait initier aux méthodes ludiques propres aux actions des D-Mobil. Elle a ainsi expliqué aux enfants les points communs et les différences entre l’Allemagne et la France : langue, vie quotidienne, école, musique, sports, arts.
En entrée en matière, elle a fait une présentation en allemand avec du vocabulaire le plus transparent possible (mots communs avec le français ou ressemblant par la racine : Mama und Papa, schwimmen, Musik hören, etc.). On demande ce que les enfants ont compris ou cru comprendre et ils sont surpris de se rendre compte à quel point ils ont compris des passages sans avoir aucune connaissance préalable.
On a parlé de l’Allemagne, ce qu’ils en savent : les grandes marques (type haribo etc.), la nourriture, les villes, les clubs de foot, les paysages, le système scolaire, odes particularisme tels que la « Schultüte » etc.
Puis on fait un « Memory » franco-allemand : les enfants doivent trouver des paires franco-allemandes : Angela Merkel – Hollande, Porte de Brandenbourg – Arc de Triomphe, Tour Eiffel – Tour de TV de Berlin, Bretzel – Croissant, Asterix – Diddl Maus, Haribo – Carambar, cartes postales françaises et cartes postales allemandes, police française et police allemande, les drapeaux bleu blanc rouge et noir rouge or, Ribéry – Schweinsteiger etc. Chaque élève reçoit une carte « Schüler » et doit trouver son partenaire (une carte allemande et une carte française correspondante). Les partenaires se regroupent en cercle et on retourne deux nouvelles cartes. On parle de ce qui est allemand et ce qui est français et de quoi il s’agit.
Le jeu suivant fonctionne avec les noms de villes : on montre des photos de grandes villes allemandes et chaque élève a une fiche avec un nom de ville allemande. Un élève est au milieu du cercle et annonce sa ville et amorce ainsi un jeu de chaises musicales : les élèves qui ont la fiche de cette ville se lèvent et échangent leurs places… l’élève resté debout annonce la ville de sa carte et l’on recommence. S’il annonce la carte « Allemagne », tout le monde se lève et change de place.
Ce jeu est un bon prétexte pour passer à la présentation d’une carte d’Allemagne avec une explication sur les Etats qui composent la République fédérale (les Länder), leurs spécialités, particularismes et traditions respectives).
D’autres exercices consistent à répéter et apprendre quelques mots basiques : les chiffres de 1à 6, des expressions de la vie courant (Guten Tag, Hallo, Mein Name ist…, Ich bin…, Ich heiße …)
La séance s’achève en musique (allemande) et réponses aux nombreuses questions. Chaque animation, chaque fois différente était clôturée par une distribution de bonbons Smarties munis de phrases allemandes et leur traduction en anglais et français).[divider][/divider]
Epilogue
A la relecture de cet article, Susanne Schmitt nous a envoyé son commentaire : elle confirme que son « charme maternel » vaut bien le « charme joyeux » des jeunes lecteurs ou lectrices du D-Mobil (*)
Elle travaille déjà avec la seconde tranche de quatre groupes (2 CP et 2 CM1) et tous se montrent enthousiastes, les plus zélés étant les CP qui apprennent juste à lire et écrire. Ce sont précisément eux qui apprennent le plus vite une chanson allemande.
En novembre les quatre groupes ont appris à fabriquer des lampions et à chanter un chant de la Saint-Martin. Ils ont également découvert comment faire un ß sur un clavier d’ordinateur français. Susanne Schmitt a évoqué avec eux les commémorations de la chute du mur. A l’époque Penkun était en RDA. Elle a donc pu faire le lien avec le jumelage Fors-Penkun et les signes visibles du jumelage : le panneau d’entrée de ville, le chêne planté ensemble, la pierre mémorielle du jumelage, la place Penkun à Fors, les photos du dernier voyage à Penkun et Berlin…
Chaque fois, quatre fois par semaine, quand elle se rend à son école, elle est saluée en allemand par la grande majorité des « anciens » élèves qui prononcent son nom à l’allemande. C’est tout simplement touchant.[divider][/divider]
(*) Note de la rédaction : cela signifie que tous les charmes se valent. Il suffit que les mères et pères, les grands-mères et grands-pères de nos jumelages fassent confiance à leurs charmes spécifiques. Ils en ont certainement !