Fasching, Fastnacht, Karneval… journées folles avant le Carême
Ca commence le 11 novembre. Ce jour là les Allemands ne songent pas à commémorer la Grande Guerre. A 11h11 précises débute le grand cycle des bals carnavalesques qui s’achèvera dans les festivités débridées d’hiver. Cette période marque intensément la vie associative allemande.
En Allemagne, le Carnaval est un événement social incontournable. En France, le Carnaval se réduit généralement à quelques joyeusetés enfantines. Parmi les exceptions notables, en majorité au voisinage des grands pays carnavaliers ou dans l’Ouest, citons entre autres : Nice, Nantes, Dunkerque, Cholet, ou Mulhouse…
Qui s’en étonnera ? On ne compte plus les interdictions successives, depuis le Moyen-Age, tant de la Monarchie que de la République françaises, toutes deux allergiques aux désordres de la spontanéité populaire. Le Carnaval a toujours inspiré la méfiance des politiques et des hommes d’église. Et là où la religion d’Etat tenait le haut du pavé – en France comme dans certains Etats protestants – le Carnaval a été progressivement affaibli, voire interdit.
La crainte du Carnaval s’explique aisément : il est contestataire par nature. C’est le moment où la « société civile » règle ses comptes, y compris – et le plus souvent – avec le monde de la politique. Il est le souvenir des temps où les sociétés n’avaient d’histoire que cyclique. Dans toutes nos sociétés archaïques, on fêtait régulièrement l’achèvement du cycle de circulation des biens et des engagements réciproques, suivi du recommencement d’une nouvelle vie collective. On mimait le chaos, puis le retour à l’ordre et on « remettait les compteurs à zéro » en effaçant les dettes, tant matérielles que morales.
Dans les sociétés modernes, là où il vit toujours, il sert de soupape pour dissoudre dans le rire les rancœurs accumulées. L’agenda du carnaval témoigne du temps carnavalesque archaïque : le chaos de la fin de l’univers, l’inversion des ordres établis et la chasse aux mauvais esprits. Les Romains fêtaient les Saturnales où, par exemple, les maîtres servaient les esclaves. Dès le IVe siècle, le catholicisme a su récupérer cette tradition. On peut décrypter le chaos symbolique dans les 40 jours de la tentation du Christ dans le désert (le carême), avant que son sacrifice ne sauve le monde. Carnaval signifie ciao la viande, donc faire carême. En allemand Fastnacht et Fasching désignent le temps avant le carême, la nuit où le monde va se dissoudre.
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